Le CHÂTEAU de CREST (Drôme)

Lundi 27 septembre 2010 // 16 : FORTS, FORTIFICATIONS, GARNISONS, CASERNES et CAMPS MILITAIRES

SEIGNEURIE, CHÂTEAU et BOURG de CREST (Drôme)

Perché sur une crête, le château domine au nord la ville et la vallée de la Drôme.
La partie la plus ancienne du XII° siècle est un donjon quadrangulaire, protégé du côté nord par un éperon triangulaire : cet éperon est surélevé par rapport au donjon et comporte une terrasse, à laquelle on accède par un escalier ménagé dans l’épaisseur du mur. Au XIV° siècle la surface du logis est augmentée en englobant le donjon dans une construction haute (45 m) abritée derrière un épais mur-bouclier. Le tout est relié à l’enceinte urbaine constituée de courtines flanquées de tours semi-circulaires, dont la tour de l’Horloge.
vue aérienne
Le château est cité depuis 1119, dans une lettre du pape Callixte II. En 1145 le seigneur de Crest donne le château à Hugues évêque de Die. Vers 1163 l’évêque de Die et le comte de Valentinois Aimar de Poitiers se partagent la ville et les deux châteaux. Cette co-seigneurie perdure en 1178 et 1244. Entre temps en 1188 Aymar II de Poitiers comte de Valentinois accorde à ses sujets de Crest une charte des libertés. En 1217 Simon de Montfort, chef de la croisade contre les Albigeois vient ravager le comté et assiéger Crest : il obtient la neutralité du comte dans son projet de soumettre le marquisat de Provence, qui dépend de son ennemi le comte de Toulouse.

comté de Valentinois

Le XIII° siècle est confus. Après l’assassinat d’un évêque de Die, son successeur excommunie Aymar III de Poitiers, qui s’empare du château supérieur (vers 1265-1270). l’évêque commence alors la construction d’un 3ème château au nord de la tour, qui sera détruit par le comte au XIV° siècle. Le pape Grégoire X prononce la réunion des diocèses de Valence et de Die en 1275. Le conflit se poursuit entre Aymar IV de Valentinois et l’évêque Amédée de Roussillon : des envoyés du pape et du Roi Philippe III décident en1278 que la ville de Crest reste en indivis, alors que le château revient en totalité à l’évêque. Cet situation dure, non sans difficultés jusqu’en 1356. A cette date le cardinal de Talleyrand met fin à cette dualité : l’évêque est dessaisi du château de Crest avec une compensation. Le comte de Valentinois seul maître complète le château qui devient le chef-lieu de sa seigneurie.

En 1419, sans descendance, Louis II comte de Valentinois et de Diois lègue ses biens au dauphin Charles (futur Charles VII). Ce legs permet sous le dauphin Louis (futur Louis XI) l’unification du Dauphiné, tel qu’il sera délimité jusqu’à la Révolution. Crest devient un des sièges de la sénéchaussée de Valentinois-Diois. Après la fuite de son fils, Charles VII annexe le Dauphiné en 1455. Crest devient un château royal.
château de Crest Au XVI° siècle Crest devient un enjeu des luttes entre catholiques et protestants : Lesdiguières ne parvient pas à prendre Crest en 1577.
Au XVII° siècle Richelieu fait détruire les courtines de liaison avec l’enceinte urbaine ; grâce aux recours des habitants le donjon est conservé. Il devient une prison jusqu’au XIX° siècle, où sont hébergés successivement les protestants au XVII° siècle, les victimes des lettres de cachets au XVIII° siècle, les contre-révolutionnaires pendant la Révolution, des prisonniers de guerre sous l’Empire, des opposants en 1852. les murs portent de nombreux graffitis de prisonniers. Le château de Crest est classé monument historique en 1877 et restauré à la fin du XIX° siècle par ses propriétaires. La ville l’achète en 1988.

Le donjon de Crest a été choisi (avec la basilique de Fourvière) pour symboliser la région Rhône-Alpes sur la monnaie régionale de 10 € en argent de l’automne 2011.

Article revisé 09/2012